• Une certaine idée du luxe

    Le monde avait connu, croyait-il, la plus atroce des rages humaines, et les années d'entre-deux guerres allaient être les plus exubérantes et créatives de notre siècle ─ celui qui restera « le nôtre » : permissif, ouvert et audacieux.

    Folles années sandwiches aux explosions artistiques, aux débauches de luxe, où la société n'aura de cesse de combler par ses épanchements utopiques les vides laissés par quatre ans de mort disciplinée.

    Et pourtant... L'Europe à nouveau avait plongé dans le chaos, et jusqu'à la fin, telle une star de comédie musicale refusant l'ultime tomber de rideau, l'Amérique, toute jazz et chromes malgré la crise, restait fidèle à elle-même.

    1941, le point de non retour où son univers basculerait irrémédiablement dans la modernité, laissant derrière lui les flammes éteintes de quelques nostalgies rococo... Garbo la belle se retirait du monde, et Pearl Harbor tournait la page.

    Les ans sont passés, le luxe a survécu, l'art aussi ; ce sont les deux choses qui passent à travers tout ! Simplement tout est plus éphémère et volatile, et ces années où, tels les lourdes limousines qui arrêtaient le temps sur leur passage, les rêves prenaient la peine de s'épanouir avant de se faner, résonnent encore de souvenirs délicieusement démodés.